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Lumière sur… Les 140 ans du 14 juillet à Lège-Cap Ferret
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C’est un anniversaire plus que centenaire que nous nous apprêtons à fêter. Celui de la Fête Nationale célébrée à Lège-Cap Ferret. Voilà 140 ans que les Légeots (puis Légeots-Ferret-Capiens) commémorent le 14 juillet !
1881 a été une année particulière pour la commune à double titre. Une autre fête républicaine toute aussi symbolique a eu lieu quelques mois auparavant : la plantation d’un arbre de la liberté.
Que fête-t-on le 14 juillet ?
Le 14 juillet 1789, la Bastille est prise. En 1790, La Fayette propose de célébrer le premier anniversaire de la prise de la Bastille par une fête nationale. L’Assemblée accepte cette proposition. La commémoration du 14 juillet, une fête à la fois militaire et religieuse, se tient sur le Champ de Mars à Paris.
La fête de la fédération disparaît l’année suivante. Les régimes politiques du XIXème siècle adoptent différentes célébrations : fête de l’Empereur sous Napoléon, fête du roi sous la Restauration. Même la deuxième République lui préfère le 22 septembre.
Il faut attendre 90 ans pour que la question d’une fête nationale soit remise à l’ordre du jour. En 1880, les députés républicains sont confrontés à la nécessité d’offrir à la Nation une fête collective. Le 14 juillet remplit les critères imposés (journée d’intervention du peuple français). Le 21 mai 1880, un député de Paris, Benjamin Raspail dépose un projet de loi pour adopter le 14 juillet comme Jour de Fête nationale annuelle. Il est adopté par la chambre des députés le 8 juin, puis par le Sénat le 29 du même mois. La loi est promulguée le 6 juillet 1880.
Si le texte de loi précise qu’il s’agit d’une manifestation militaire, il ne mentionne aucune année de référence. Commémore-t-on le 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille, un événement violent, ou le 14 juillet 1790, date de la Fête de la Fédération, un évènement pacifique ? Les deux, d’après les paroles du sénateur Roger-Marvaise :
« Messieurs, la fête du 14 juillet prochain doit être célébrée avec le plus grand éclat, puisque le 14 juillet vient d’être adopté par le Parlement, à raison des grands évènements qui se sont accomplis ce jour-là en 1789 et 1790, comme le jour qu’il convenait de donner pour fête nationale à la France Républicaine. »
Le 14 juillet à Lège-Cap Ferret
En cette année 2021, la commune de Lège célèbre les 140 ans de la fête nationale du 14 juillet. En effet, les Légeots ont fêté le 14 juillet pour la première fois en 1881. La loi étant ordonnée le 6 juillet, il est difficile pour beaucoup de communes de préparer rapidement des festivités pour le 14, d’où le fait que celles-ci ne commémorent la fête nationale que l’année suivante, à l’instar de Lège.
Malgré les faibles ressources de la commune, le conseil municipal octroie un crédit de 25 francs pour célébrer dignement la fête nationale par des illuminations.
« Pour la première fois cette année, la commune de Lège a célébré la Fête nationale. Le matin, le canon annonçait la fête, les maisons se pavoisaient aussitôt.
A une heure avait lieu un banquet où plusieurs toasts étaient portés, notamment au président de la République.
A huit heures et demie un feu d’artifice a été tiré ; une heure après commençait un joyeux bal qui a duré toute la nuit.
Dans la soirée tous les monuments publics, ainsi qu’un grand nombre de maisons particulières, avaient été pavoisées et illuminées. »
Vote de crédits pour la Fête Nationale, délibération du Conseil Municipal de Lège, 3 juillet 1881 (Archives Municipales de Lège-Cap Ferret)
Au fil des années, les autres villages, comme Piquey ou L’Herbe, ne manquent pas d’organiser diverses réjouissances pour ce jour d’unité nationale.
Piquey, 1885 :
« La plupart des habitants du Piquey ont dignement célébré la Fête nationale. Il y a eu des courses de bateaux très intéressantes et un banquet où des toasts patriotiques ont été portés. »
L’Herbe, 1908 :
« A l’occasion du 14 juillet, un banquet populaire aura lieu à l’Herbe, chez M. Lacaze, sous la présidence de M. Bordelais, adjoint de la section, et de M. Archambault, conseiller municipal. Prix du banquet, 3 fr. 50. Les personnes qui voudraient y prendre part sont priées de se faire inscrire chez M. Lacaze ou chez M. Bordelais, adjoint de la section. La liste sera close le 12 au soir.
Programme de la fête à 3 heures du soir, courses aux pinasses à la voile et à la rame ; courses aux bailles à la voile ; concours de grimaces et de fil ; et jeux divers ; à 9 heures, grand bal dans la salle Lacaze ; à minuit, bataille des confetti. »
Lège, 1937 :
« la commune décide de fêter le 14 juillet comme les années précédentes par un banquet suivi de réjouissances diverses. »
Lège, 1938 :
« Sur la proposition de M. le Maire, le conseil municipal décide d’organiser un banquet populaire chez Madame Veuve Ducamin le 14 juillet. M. Le Maire prie avec insistance messieurs les conseillers municipaux d’assister à ce repas afin de rehausser de leur présence cette fête nationale et lui donner toute la portée républicaine qu’elle doit avoir. Ce banquet sera suivi de jeux divers et il sera organisé un bal gratuit de jour et de nuit. »
Lège, 1949 :
« Une fête annuelle donnée par les enfants des écoles ayant lieu ce jour-là l’après-midi, les jeux divers se dérouleront dans la matinée. Le soir, grand bal offert par la municipalité. »
La fête nationale du 14 juillet prend une dimension particulière lors des époques de trouble.
Le 14 juillet 1919 est le premier hommage à tous les combattants morts, disparus ou survivants de la Grande Guerre de 1914-1918. Près de deux millions de personnes venues de Paris ou de province se massent dans les rues et aux alentours de la place de l’Etoile pour la fête nationale. Dans la nuit du 13 au 14, une veillée d’honneur aux morts de la patrie est organisée près du cénotaphe géant installée sous l’Arc de triomphe. Le 14 juillet, à 8h30, commence le défilé d’un millier de « gueules cassées », acclamées par la foule, suivi par les Maréchaux, les troupes alliées victorieuses et l’armée française. Tout au long de la journée des représentations théâtrales gratuites, des concerts, des orchestres ont lieu dans la capitale. La journée se termine par des feux d’artifice. A Lège, les édiles votent la somme de 150 francs pour la Fête de la Victoire.
La Seconde Guerre mondiale et l’occupation allemande bouleversent à nouveau les célébrations du 14 juillet. De 1940 à 1944, aucun défilé militaire n’est organisé à Paris. Sous Vichy, la fête nationale est réduite à une journée « de deuil et de recueillement », en hommage aux morts de la guerre. Le 14 juillet 1940 est célébré par les Français de Londres. La veille, le général de Gaulle proclame dans l’émission « Ici la France » sur la BBC :
« Le 14 juillet 1940 ne marque pas seulement la grande douleur de la patrie. C’est aussi le jour d’une promesse que doivent se faire tous les Français par tous les moyens dont chacun dispose, résister à l’ennemi, momentanément triomphant, afin que la France, la vraie France, puisse être présente à la victoire. »
Au village de Piquey, les 14 juillet de Michel Pinguet restent très sobres, comme il le raconte dans son journal de guerre :
Mercredi 14 juillet 1943 : « 14 juillet sans oriflammes mais il y a eu régates et j’y ai participé comme passager avec M. Barreau comme barreur. Grosse bise irrégulière. Nous nous sommes copieusement fait doucher mais nous avons fini 9e sur 12 participants. »
Vendredi 14 juillet 1944 : « Notre 14 juillet s’est passé sans histoire mais dimanche nous étions sur l’eau à contempler les régates de loups, pacifiques, monotypes et pinasses à voile barrées et montées par les parqueurs. »
En août 1944, les soldats allemands fuient la Presqu’île face à l’avancée des troupes alliées. Le 14 juillet 1945 est « plus que jamais fête nationale puisque la France y fête sa victoire, en même temps que sa liberté ».
De 1954 à 1962, les célébrations du 14 juillet sont affectées par la guerre en Algérie. En 1956, le conseil municipal de Lège décide de ne pas organiser de bal. En 1958, une quête est organisée en faveur des soldats d’Algérie ; près de 10 000 francs sont récoltés (4 700 francs à Lège, 3 765 francs à Claouey, 1 650 francs aux Jacquets et à Petit Piquey). En 1960, les conseillers municipaux décident de ne pas organiser de bal public gratuit. Les fonds correspondants seront utilisés pour envoyer un colis aux soldats de la commune de Lège qui effectuent leur service militaire en Afrique du Nord à l’occasion des fêtes de Noël.
L’arbre de la liberté
En 1793, le conseil général de la commune de Lège décide de planter un arbre de la Liberté, choisi parmi les jeunes chênes les plus beaux de la commune, sur la place du quartier d’Ignac. La cérémonie a lieu le 30 novembre au son du « tambourinayre » qui tape sur sa caisse. A la cime de l’arbre est attaché un drapeau tricolore, sur la pique duquel est fixé « un bonnet de la Liberté ». La Marseillaise est entonnée, la République est acclamée. A la nuit tombée, les membres du conseil se rendent à la maison commune pour établir le « procès-verbal de plantation d’un arbre de la Liberté ».
Un deuxième arbre de la liberté est plantée le dimanche 3 avril 1881. Il s’agit alors de « la première fête vraiment républicaine » de la commune, bien avant la commémoration du 14 juillet. Après la bénédiction du curé, M. Henri Guérin, maire républicain, remercie les organisateurs de cette fête :
« Depuis plus de dix ans que la République existe, je crois que c’est la première fête réellement républicaine que nous célébrons dans notre commune en plantant cet arbre de la liberté.
Pendant ces dix années de paix et de prospérité, nous avons eu de nombreux dégrèvements d’impôts ; notre gouvernement jouit d’une grande confiance dans le monde entier ; pour preuve, Messieurs, je n’ai qu’à citer l’emprunt d’un milliard qui vient d’être fait pour terminer nos grands travaux publics, et qui a été couvert par la somme énorme de 15 milliards ; enfin, pas une goutte de sang de notre vaillante armée n’a coulé.
Espérons, Messieurs, que notre arbre prendra racines ; quant aux racines de la République, elles sont indestructibles, parce qu’elles sont prises dans le suffrage universel, qui est le peuple.
Soyons fiers, Messieurs, d’être ses enfants ! »
S’ensuit le discours de M. Duvigneau, conseiller général du canton d’Audenge. Un banquet de soixante couverts clôt la cérémonie. Les convives boivent à la santé de M. Duvigneau au dessert et terminent la soirée par un « Vive la République ».
L’arbre de la liberté, dit modèle de l’Arbre étoilé, figure depuis 1999 sur les pièces françaises d’un euro et de deux euros.
Votre histoire, notre mémoire
“Les souvenirs d’un homme constituent sa propre bibliothèque.”
Aldous Huxley, écrivain anglais (1894-1963)
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Service des archives
79 avenue de la Mairie, Lège bourg
archives.ad@legecapferret.fr
05.57.17.07.80
Sources et références
Les Archives municipales de Lège-Cap Ferret :
- Délibérations du Conseil Municipal de Lège-Cap Ferret
- Fonds Françoise Pinguet
Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF :
- Arcachon-journal, 12 juillet 1908
- Estampe « Souvenir de la Fête nationale, distribution des drapeaux, 14 juillet 1880 »
RetroNews, le site de presse ancienne de la BnF :
- La Petite Gironde, 8 avril 1881
- La Petite Gironde, 19 juillet 1881
- La Petite Gironde, 24 juillet 1885
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