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Lumière sur… Les puits artésiens
LES ARCHIVES MUNICIPALES DE LÈGE-CAP FERRET ONT POUR VOCATION DE CONSERVER LES ARCHIVES PUBLIQUES, MAIS AUSSI DES DOCUMENTS PRIVÉS, UNIQUES ET PARFOIS PERSONNELS. TOUS LES MOIS, DÉCOUVREZ UN DOCUMENT INÉDIT SUR VOTRE COMMUNE ! PAR SON INTÉRÊT HISTORIQUE, SON ASPECT ESTHÉTIQUE, OU SON ORIGINALITÉ, CE DOCUMENT TÉMOIGNE DE LA MÉMOIRE LOCALE.
Il s’agit ici d’un complément à l’article déjà paru dans la revue Presqu’île n°63 (automne 2016). Nous y avions présenté les cinq puits artésiens de la commune de Lège (trois puits à Lège, près de l’ancienne mairie, au quartier d’Ignac et au quartier du Grand Housteau, un puits à Claouey et un autre à Piquey).
Symbole d’une autre époque, avant l’avènement de l’eau courante, les puits artésiens procuraient une eau toujours jaillissante et pure aux villageois venus s’y rafraîchir. Au contraire des puits creusés superficiellement, l’eau provenant de puits artésiens est puisée en profondeur (120 mètres environ). C’est la garantie d’avoir une eau saine. Placés à des endroits stratégiques, comme un carrefour passant ou à proximité des écoles, les puits artésiens servaient également à alimenter les lavoirs.
Voici la petite histoire des puits artésiens de la partie sud de la Presqu’île, de Grand Piquey au Cap Ferret.
1908
Une épidémie de typhoïde sévit dans le village de L’Herbe. Fort heureusement, il ne s’agit que de petits foyers localisés, une épidémie de maisons qui ne s’est pas étendue. La fièvre typhoïde est une maladie infectieuse, provoquant fièvre, maux de tête, anorexie, abattement et douleurs abdominales avec diarrhée ou constipation. Elle est potentiellement mortelle en l’absence de traitement. Elle se propage par la consommation d’eau souillée ou d’aliments contaminés.
Février 1908
En février 1908, les habitants du Cap Ferret demandent la création d’un puits artésien avec canalisations d’eau. Ils proposent même d’exécuter les travaux à leurs frais, sous condition qu’ils puissent devenir propriétaires de leurs concessions. La demande est appuyée par le vote favorable du conseil municipal de La Teste. La requête a été adressée au Préfet et au Conservateur des Eaux et Forêts de Bordeaux. En octobre, toujours aucune réponse, l’état sanitaire du Cap Ferret continue de se dégrader.
1909
Le Syndicat des habitants et concessionnaires présente un projet de travaux publics : le forage d’un puits artésien de fort diamètre et l’établissement de conduites d’eau depuis la villa Madeleine du professeur François Franck, à l’extrémité nord du quartier du Boque, jusqu’à la cabane du prince de Broglie à l’extrémité sud de l’autre quartier. Toutes les villas pourront se brancher sur la canalisation publique pourvue de bornes fontaines disposées tous les 150 mètres.
Automne 1910
L’entreprise Salles de Bordeaux est chargée de creuser le puits artésien du restaurant Bélisaire au Cap Ferret. Elle trouve de l’eau à 82 mètres de profondeur, puis creuse jusqu’à 134 mètres de profondeur. Le puits fournit un débit de 30 litres à la minute, une « eau douce, pure et limpide, qui donne à l’analyse le régime de la nappe souterraine au pied des Pyrénées. » Le propriétaire, Barthélémy dit Bélisaire Daney, veut faire ruisseler cette eau d’une rocaille qui la répartira en cascatelles, entouré d’un jardin clos d’une grille en fer.
Cap-Ferret – Le restaurant Bélisaire, son jardin et son puits artésien (Fonds Jean Mazodier, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
Mai 1913
La commission d’hygiène départementale a effectué des analyses bactériologiques des eaux prélevées sur les différents puits du Cap Ferret. Le sol est infecté et les eaux sont contaminées par le bacille de la fièvre typhoïde. Aucun retard ne doit être pris dans la résolution de cette crise sanitaire. Il faut un puits artésien dans chacun des quartiers, Piquey, Piraillan, Le Canon, L’Herbe et La Pointe. Pour les autres puits, le conseil municipal de La Teste prend les mesures suivantes : étanchéité des fosses d’aisances, interdiction de jeter ses immondices à proximité des habitations. Cependant, la commune n’a pas les moyens financiers pour la construction de ces puits artésiens.
Juin 1913
La commune de La Teste ne peut pas investir plus de mille francs dans l’établissement de puits artésiens au Cap Ferret. Un expert doit se déplacer pour une étude géologique des terrains.
1927
A l’initiative de la famille Castaignède, les habitants du lotissement Canon-Plage décident de créer une association et de construire un château d’eau, alimenté par un puits artésien. Un réservoir de 10 mètres de haut fonctionne à l’aide d’une éolienne.
Le Canon – Le puits artésien, route du Cap Ferret (Fonds Luc Dupuyoo, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
Juillet 1936
La création des puits artésiens de L’Herbe et de Piraillan est attribuée à Monsieur Agard de Bordeaux qui a fait la proposition la plus avantageuse : 17 900 francs pour la construction du puits artésien de L’Herbe. La commune doit trouver un accord avec le Domaine Maritime pour l’obtention d’une concession. Le puits artésien est situé dans le village ostréicole de L’Herbe. L’eau est puisée à 322 mètres de profondeur et s’écoule par deux tuyaux dans un bassin circulaire ; le forage est monté en fontaine.
Août 1936
Un arrêté préfectoral autorise la substitution des puits forés prévus pour le lotissement de Piquey (La Pointe aux Chevaux) par un puits artésien. Le puits sera identique à celui construit à Piraillan. Ce puits artésien, foré lors de la création de la 1ère zone du lotissement de La Pointe aux Chevaux, alimentera, par le biais de bornes fontaines, les futures extensions (2ème et 3ème zones) du quartier. Ce puits était situé à l’angle du numéro 76 de l’actuelle avenue de La Pointe aux Chevaux.
Février 1937
Des analyses chimiques et bactériologiques des puits artésiens forés à L’Herbe et à Piraillan ont démontré la potabilité de l’eau des deux puits.
Août 1937
Une campagne de malveillance, dont on ne connaît pas les instigateurs, est menée contre la qualité de l’eau fournie par le puits artésien de L’Herbe. Les auteurs ont remis aux habitants des bulletins d’analyse indiquant que l’eau provenant de ce puits était impropre à la consommation. Des analyses chimiques et bactériologiques de cette eau ont été effectuées aux mois de janvier et février. Elles n’ont révélé aucun danger pour les consommateurs.
Juin 1938
Les propriétaires du quartier de L’Herbe sont autorisés à disposer de l’excédent d’eau du puits artésien. L’installation des canalisations est à leur charge.
1938
Sur la brochure du nouveau lotissement des Arbousiers à Grand Piquey, l’eau potable fourni par un puits artésien est un des arguments de vente pour les terrains.
Plan du lotissement des Arbousiers, Grand Piquey (Fonds Association des propriétaires du lotissement des Arbousiers, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
1987
Le restaurant Bélisaire est démoli et remplacé par une résidence en 1987. Quant au puits artésien, des buissons ont envahi son emplacement.
1999
La tête de forage du puits artésien de L’Herbe est réhabilitée.
Mars 2000
Au Canon, place Max Dubroc, le château d’eau en béton armé est vétuste. Le Conseil municipal vote son désamiantage et sa démolition. Les travaux sont toutefois différés quelques mois plus tard.
Le Canon – Le château d’eau en 2000 (fonds urbanisme, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
Mai 2000
Un projet de réhabilitation du puits artésien de L’Herbe prévoit le remplacement de la fontaine existante et la création d’un kiosque surplombant la fontaine. Une signalétique est mise en place pour indiquer que l’eau n’est pas potable. Ces travaux ne sont pas réalisés.
Projet de réhabilitation du puits artésien de L’Herbe, 2000 (Fonds urbanisme, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
2002
Le puits artésien de L’Herbe est réhabilité.
Juillet 2008
L’Association des propriétaires du lotissement de La Pointe aux Chevaux propose à la commune de lui céder la parcelle sur laquelle est située l’ancien puits artésien. Cet espace vert n’est pas entretenu et sert de dépôt d’objets divers et de déchets verts. Le propriétaire riverain ne souhaite pas l’acheter, d’où la proposition faite à la commune. Le terrain est cédé à l’euro symbolique.
Mars 2015
La parcelle supportant le château d’eau du Canon est restituée à la commune. L’Association des propriétaires du quartier Canon-plage a été dissoute en février 2013. Le puits artésien qui assurait leur approvisionnement en eau a été rebouché. Les habitants ont été raccordé au réseau d’eau public.
Décembre 2015
Le château d’eau du Canon est démoli.
Février 2017
La parcelle du puits artésien à La Pointe aux Chevaux est proposée à la vente. Le puits et la bouche d’incendie hors service ne sont plus affectés au public. Depuis de nombreuses années, et en dépit des signalisations de la mairie, cette parcelle est un dépôt sauvage de déchets. Jacques Bildet, propriétaire de la maison voisine, se propose d’acquérir cette parcelle. La commune s’engage à condamner le puits artésien et à supprimer la bouche d’incendie.
Votre histoire, notre mémoire
“Les souvenirs d’un homme constituent sa propre bibliothèque.”
Aldous Huxley, écrivain anglais (1894-1963)
Si vous avez des cartes postales ou des photos à nous faire partager sur les puits artésiens, n’hésitez pas à nous rendre visite ou à nous contacter ! Vos souvenirs nous permettront de mieux faire connaître l’histoire de notre commune.
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Service des archives
79 avenue de la Mairie, Lège bourg
archives.ad@legecapferret.fr
05.57.17.07.80
Sources et références
Archives Municipales de Lège-Cap Ferret :
- Délibérations du Conseil Municipal
- Fonds urbanisme
- Fonds Luc Dupuyoo
Archives Municipales de La Teste de Buch :
- Délibérations du Conseil municipal
Gallica :
- Rapports et délibérations du Conseil Général de la Gironde, 2ème session ordinaire de 1908
- L’Avenir d’Arcachon, 11 octobre 1908
- L’Avenir d’Arcachon, 11 avril 1909
- L’Avenir d’Arcachon, 2 octobre 1910
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