Raymond RADIGUET (1903 – 1923)

Le 12 décembre 1923, le jeune Raymond Radiguet est emporté par une fièvre typhoïde trop tard diagnostiquée contractée dans l’eau saumâtre de la résidence. Il a 20 ans.
Il découvre « cette presqu’île encore sauvage à quelques heures de Paris par le train » trois ans auparavant. Encore mineur, il ment pour être accepter « dans la pension de planches » de madame Dourthe. Il annonce 19 ans. A l’époque la carte d’identité n’est pas encore obligatoire.
A ce moment résident à l’hôtel Chantecler, Jean Cocteau qui a fait venir Raymond Radiguet et le sculpteur Jacques Lipchitz. La pension sera nommée ainsi par Cocteau en hommage à son ami Edmond Rostand.

Mais qui est Radiguet ? Il est présenté par Cocteau à Mme Dourthe comme poète et journaliste. Il a fréquenté l’école de dessin en même temps que Lipchitz qui souhaite d’ailleurs réaliser son buste. Radiguet a déjà été sculpté par Brancusi, peint à l’âge de 12 ans par Modigliani et le sera par Picasso.
Sur le plan littéraire, Cocteau et Radiguet veulent jeter de nouvelles bases de l’écriture du roman. Pour Cocteau, « Le vrai écrivain est celui qui écrit mince et musclé. Le reste est graisse ou maigreur… ».
La pension et la presqu’île sont déjà fréquentées par de nombreux artistes dont vous pouvez découvrir le nom sur la plaque.
Dès 1916, le peintre André Lhote et son épouse Marguerite, le sculpteur Jacques Lipchitz et l’écrivain Jean Cocteau projettent de créer une « académie pluridisciplinaire à ciel ouvert » autour de la “pension de planches” de Madame Dourthe. Cette période artistique est connue sous le nom de « Période Piquey ».
En septembre 1921, à Piquey, Raymond écrit Le Diable au corps, le roman qui va le rendre célèbre. Ce roman est publié en mars 1923. Raymond Radiguet n’a même pas encore 20 ans. Le livre fait scandale. C’est le récit d’une histoire d’amour entre Jacques, un jeune garçon de 15 ans, et Marthe, une jeune femme de 18 ans dont le mari se bat sur le front durant la Première Guerre mondiale. L’histoire fait écho à la propre liaison de Radiguet avec Alice Saunier, une jeune institutrice de neuf ans son aînée, voisine de ses parents, qui lui donne des leçons particulières. Son fiancé se trouve au front.
L’année suivante, au Lavandou cette fois, toujours en compagnie de Cocteau, il écrit son deuxième et dernier roman, Le Bal du comte d’Orgel . Raymond Radiguet en commence la correction à Piquey entre juillet et octobre 1923.
Radiguet n’a passé que trois étés avec Cocteau à Piquey. Trois étés qui suffisent encore pour marquer durablement la littérature. Cocteau dira de Radiguet « dès qu’il est apparu parmi nous, il était le plus jeune et le plus vieux ; il avait la folie de la jeunesse, et il était sage comme un vieillard, comme un vieux chinois, un vieux chinois doté d’une surprenante maturité d’esprit ».

En 2023, le monde littéraire célèbre plusieurs anniversaires du duo emblématique Jean Cocteau et Raymond Radiguet : les 120 ans de la naissance de Radiguet (en juin), les 60 ans de la mort de Cocteau (en octobre) et les 100 ans de la mort de Radiguet (en décembre).
