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Lumière sur… Les villas Suzon-Monette et Nicéa
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Pierre Busquet. Ce nom vous est certainement inconnu. Mais sans doute connaissez-vous les villas Suzon-Monette et Nicéa au Cap Ferret. Né le 8 février 1848 à La Teste, Pierre dit Gabriel Busquet, entrepreneur arcachonnais, est l’architecte de ces deux villas ferret-capiennes. Autre point commun, Suzon-Monette et Nicéa ont été construites au début du XXème siècle et elles sont toujours préservées.
La Villa Suzon-Monette
Située boulevard de la plage dans le quartier Bélisaire, la villa Suzon-Monette est construite au printemps 1909. Son propriétaire est André Miltiade Henri Bouffard, occupant alors le poste de sous-préfet de Coulommiers en Seine et Marne. Dans l’édition du 21 mars 1909, un journaliste de L’Avenir d’Arcachon raconte s’être rendu dans le quartier de Bélisaire constater les travaux de construction de la villa :
« Situé entre les chalets Arthell et René, dont elle est séparée par terrains vagues, Simonne-Monette (1) comprend : grand salon, salle à manger, cuisine, cinq grandes chambres de maîtres, cabinets de toilette, w.-c. à l’étage. Au rez-de-chaussée se trouve une pièce de huit mètres sur six. En sous-sol, cave et cellier. Au 1er, une très belle chambre ouvre sur un balcon-terrasse face à la mer. La vue s’étend de là sur un panorama magnifique, à droite le sémaphore et les bois en pointe du Cap, en face Moulleau, plus à gauche Arcachon avec son clocher et ses villas, dans le lointain vers le nord la côte d’Arès.
La villa avec ses dépendances longe le chemin qui va du phare à Bélisaire, bordé vers l’ouest en cet endroit par l’arc de bois qui s’adossent à l’Océan.
C’est une jolie propriété pour séjour estival, avec une plage admirable. »
(1) Serait-ce une erreur du reporter ? La villa s’appelle bien Suzon-Monette.
Le nom de la villa vient des deux petits noms des filles du préfet, Suzanne née en 1904 et Simone née en 1907.
Cap Ferret – La Villa Suzon-Monette vue depuis la plage (Fonds Fabien Lasserre, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)
A l’été 1912, Raoul St-Marc séjourne dans la villa Suzon-Monette. Cet homme n’est autre que le directeur de la blanchisserie à vapeur de la Gironde et le créateur en 1902 de la lessive à la résine de Pin des Landes, nommée « Cendres de Lessive St Marc » (l’ancêtre de la marque St Marc).
En 2017, les héritiers entreprennent des travaux de restauration de la façade pour retrouver l’esprit de la villa à sa création. Les épis de faîtage disparus sont recréés, les éléments décoratifs sont repeints en brique rouge.
La Villa Nicéa
La presse locale, en particulier L’Avenir d’Arcachon, nous permet encore une fois de retracer précisément la création de cette villa. Le 10 juillet 1910, le journal informe qu’un de ses amis « M. Gibert vient de se rendre acquéreur d’un terrain étendu, où sera construite une villa nouvelle. » Originaire de Montpellier, Charles Gibert est déjà connu comme yachtman à Arcachon. Le 7 août, les lecteurs apprennent que c’est l’architecte Gabriel Busquet qui est chargé de la construction de la villa. Le 19 février 1911, le journal ne manque pas de donner des nouvelles des travaux :
« En bordure de la conche de la pointe du Cap, à 500 mètres du restaurant Lavergne, M. Gibert se fait construire sur les plans de M. Gabriel Busquet, architecte, une très belle villa qui s’appellera « Nicéa ». Elle a 20 mètres de façade, comprend deux salons et salle à manger communiquants (sic) au rez-de-chaussée, derrière et en annexe cuisine, office, chambres du personnel ; à l’étage trois grandes chambres, en annexe chambre d’amis. Les baies à deux ventaux, les fenêtres sont en glaces et brique. La construction est pierre et brique. Tous les motifs architecturaux de l’extérieur comme de l’intérieur sont art nouveau. »
Dans son enfance, Germaine Lescarret Lacrampe a bien connu la villa Nicéa et ses propriétaires :
« Août 1978. – La Villa Nicea vient d’être vendue. C’est Aline, la fille des propriétaires, elle-même, qui me l’a annoncé, avec, je l’ai bien compris, beaucoup de chagrin. On ne se sépare pas de vieilles et chères pierres, sans une grosse peine, mais le destin grand maître de notre vie, en est la cause bien souvent.
Cette villa, qui a peut-être mon âge, a pour nous Ferrets-Capiens, dans notre enfance en particulier, joué un peu le rôle de château du village. Avec la villa L’Argentine, c’était les deux plus belles maisons de l’époque, auréolées d’une certaine grandeur, ce qui n’était pas sans charme.
Les propriétaires de Nicéa habitaient Cannes l’hiver et venaient passer l’été au Cap Ferret et quelques mois d’automne à Quinsac en Gironde, où ils avaient une propriété de vignobles.
Dès juin, la villa ouvrait ses volets et nous apercevions la famille, Aline et son frère Alain avec leurs parents, parcourant la presqu’île, dans leur jolie petite voiture en bois verni, tirée par un petit âne, avec pendant des années, toujours les mêmes vêtements d’été. La maman coiffée d’un joli petit chapeau souple en piqué blanc, le papa coiffé du panama blanc, pantalon rouge évidemment. Les enfants, les jours de pluie, revêtus d’une grande pèlerine bleu marine à capuchon avec vêtements rouges couleur gaie adoptée pour les vacances.
Cette famille aimable, sympathisait avec toute la population et participait parfois à notre vie familiale. J’ai reçu de sa part une belle médaille en or, représentant Notre-Dame d’Arcachon, pour ma première communion, et pour mon mariage, deux autres jolis cadeaux.
Nos relations sont toujours restées excellentes, et nous nous sommes retrouvés plus tard à Bordeaux, où la jeune fille s’était mariée.
D’un style spécial pour la région, à arcades, soutenant le premier étage, la villa était édifiée au milieu d’un grand jardin au bord de l’eau dans ce que nous appelions la conche du quartier des 44 hectares, vers la Pointe du Cap Ferret, avec une vue splendide et imprenable, sur le Bassin d’Arcachon.
Une petite maison abritait le concierge, qui l’été, faisait fonction de marin. A cette époque, la cuisinière et le valet de chambre, accompagnaient leurs maîtres. Epoque où les mots simplicité et sympathie, faisaient partie de la joie de vivre. »
Cap Ferret – Villa Nicéa, vue depuis l’escourre du Jonc (Collection Ferretdavant.com)
Parc de la villa Nicéa, extrait d’une vue aérienne IGN, 30/07/1934 (Remonter le Temps)
Votre histoire, notre mémoire
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Aldous Huxley, écrivain anglais (1894-1963)
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79 avenue de la Mairie, Lège bourg
archives.ad@legecapferret.fr
05.57.17.07.80
Sources et références
Les Archives Municipales de Lège-Cap Ferret :
- Germaine Lescarret Lacrampe, Cap Ferret, ma Presqu’île, 1979
- Fonds Fabien Lasserre
Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF :
- L’Avenir d’Arcachon, 21 mars 1909
- L’Avenir d’Arcachon, 10 juillet 1910
- L’Avenir d’Arcachon, 7 août 1910
- L’Avenir d’Arcachon, 19 février 1911
- L’Avenir d’Arcachon, 6 octobre 1912
Site Ferretdavant.com : https://www.ferretdavant.com/index.php
Site Remonter le Temps de l’IGN : https://remonterletemps.ign.fr/
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