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Lumière sur… L’aventurier René Lescombes

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«Certains ont dit que c’était un aventurier de la mer et un fou ; il n’était ni l’un ni l’autre car on peut faire des folies sans être fou. C’était simplement un homme que la vie avait malmené et rendu malheureux, c’était un écorché vif. » L’Arésienne Yvonne Despujols a bien connu cet homme étonnant qu’était René Lescombes, parti à l’assaut de l’océan.

A l’occasion de la première édition du Festival de l’Aventure et de la Nature (FAN) qui se tient du 9 au 11 septembre, nous vous proposons de découvrir l’histoire mouvementée de l’aventurier René Lescombes et de ses traversées de l’Atlantique.

Un aventurier sans limites

Né en 1921 à Bordeaux , René Lescombes est élevé par sa grand-mère de Pressignac après le divorce de ses parents. Licencié en littérature, il s’engage dans un régiment de parachutistes et part en Indochine en 1945. Au cours d’une opération aéroportée, il est blessé par balles et il revient de la guerre avec une jambe raide. Cette blessure lui vaudra plus tard le surnom de « l’explorateur boiteux ».

Ne pouvant s’adapter à une vie ordinaire, il devient photographe de fauve puis guide de chasse en Afrique équatoriale où il espère rencontrer l’écrivain Ernest Hemingway. Le voyage ne lui porte pas bonheur, sa femme le quitte. Il tourne là-bas un documentaire intitulé « Fauves à bout portant ». Un jour, la boite contenant le film est écrasée par un camion devant un café de Périgueux. René Lescombes demande des dommages et intérêts devant le tribunal de Périgueux puis devant la cour d’appel. Le film, qui lui rapporterait environ 700 000 francs par mois selon ses dires, n’est pas déclaré sur sa déclaration d’impôts. En 1958, la cour d’appel confirme la peine première et lui accorde 800 000 francs pour la perte de son film.

En 1955, René Lescombes projette de partir à la recherche de Raymond Maufrais , un explorateur disparu dans l’Amazonie, et de tourner un film par la même occasion. Il souhaite rejoindre l’Amérique du Sud seul à bord d’un radeau. « Je ne veux imiter personne », confie René Lescombes, « Je ne veux pas davantage prouver quoi que ce soit ; je ne me livre à aucune expérience, mais j’ai le goût de l’aventure, je l’avoue, et la difficulté me tente. » Il doit retrouver là-bas un autre Périgourdin qui l’accompagnera en Amazonie.

Traversée de l’Atlantique : 1ère tentative

La lecture du livre d’Alain Bompard, Naufragé volontaire, paru en 1953, lui donne l’idée du projet de sa vie. La navigation en mer a beau lui être totalement inconnue, il se lance sans hésitation dans cette nouvelle aventure : construire un radeau pour traverser l’océan Atlantique d’est en ouest dans les mêmes conditions.

Il effectue ses premiers essais en 1957. Accompagné d’un ami, Guy Gouttepifre, il appareille de Bassens au mois de juin. Les deux hommes « naviguent » pendant une dizaine de jours avant que les courants ne poussent l’embarcation vers la côte d’Hourtin. Le radeau en bois s’échoue sur la plage.

Toujours à Hourtin, il tente à nouveau sa chance à bord d’un nouveau « bateau » construit en fer, baptisé le « Pot-au-Noir ». Il ne dépasse pas les rouleaux et ce n’est que dans la nuit que le radeau partira seul, emporté au large. René Lescombes rencontre alors Mimi Téchoire au Canon qui l’emmène à l’océan récupérer le bateau. Un chalutier l’a remorqué comme prise de mer, et après une âpre négociation, René Lescombes récupère son « Pot-au-Noir ».

Traversée de l’Atlantique : 2ème tentative

Le village du Canon devient son nouveau port d’attache. Son radeau est emmené chez Roger Despujols à Arès pour réparations et modifications.

« Au Canon, Lescombes resta plusieurs mois, adopté par tous, invité à déjeuner et à dîner. Chez « Irène », son couvert était toujours mis, mais il refusait souvent, ne voulant pas avoir l’air d’un pique-assiette. Son « Pot au Noir » n°2 avait été remorqué jusqu’à Arès. Despujols accepta de le réparer et de l’améliorer en ajoutant des flotteurs, un gouvernail automatique, etc… La petite cour de l’Hôtel des Voyageurs dont Despujols était propriétaire servait de chantier naval ; tout le monde mettait la main à la pâte car Lescombes était l’ami de tous.
« Pot au noir » n°2 était presque terminé quand Despujols fit remarquer à Lescombes qu’il n’y avait pas d’issue de secours et lui proposa d’en faire une sous l’embarcation, au cas où elle se retournerait comme elle l’avait déjà fait. Mais Lescombes est pressé de partir. Il refuse. L’insistance de Despujols le met en colère et il boude pendant trois jours. Finalement, la raison l’emporte. La seconde issue est pratiquée, tout est vérifié ; « l’engin » est paré pour le grand départ, mais il faut quand même faire au moins un essai sur l’eau. « Pot au Noir » n°2 est mis à l’eau au port d’Arès ; tout se passe bien, la voile est hissée, mais à la hauteur de la Matte, à 1 kilomètre du port, le mât, qui était creux pour des raisons d’allègement, casse à 1 mètre du sommet. « Pot au Noir » est ramené dans la petite cour de l’Hôtel des Voyageurs et on procède aux réparations. »

La deuxième tentative a lieu à l’été 1958. René Lescombes part le 4 août du Bassin d’Arcachon à bord de son « Pot-au-Noir II » pour traverser l’Atlantique.

René Lescombes et Le Pot-au-Noir II, août 1958 (fonds Luc Dupuyoo, Archives municipales de Lège-Cap Ferret)

Vivez le départ de René Lescombes du Canon grâce à ce film d’époque.

Au large du cap Ortegal, le navigateur est pris dans la tempête. Son bateau chavire et se retourne. Après être parvenu à s’extraire avec beaucoup de mal, René Lescombes passe cinq jours sur le radeau renversé, sous un soleil de plomb. Il est sauvé et ramené à Gijon en Espagne le 24 août par le thonier espagnol « Torrontegui ». L’équipage a trouvé le radeau à 45 milles au nord-est de Gijon. L’aventurier est inanimé, épuisé et souffre de graves brûlures aux jambes et aux bras causées par le soleil. Sur son lit d’hôpital, malgré son état, René Lescombes réaffirme son intention de tenter la traversée dès qu’il sera rétabli. Le correspondant du journal Sud-Ouest, Michel Parrot-Lagarenne, donne de ses nouvelles :

« René Lescombes est en voie de guérison et il n’a pas manqué d’étonner tous ceux qui, en Espagne, se sont penchés sur son sort, par sa force de caractère dans la solitude familiale où il affirme se trouver et où il paraît se complaire, refusant même que soient prévenus l’un plutôt que l’autre de ses amis pour lui apporter quelques-uns des moyens qui lui font totalement défaut pour tenter de nouveau l’aventure. »

Le 29 avril 1959, il quitte Gijon pour se rendre à Vigo par bateau. Il va tenter la traversée encore une fois. Après des essais au cap Ortegal, son embarcation est légèrement modifiée. Il part à nouveau vers mai 1959. Début juin, un cargo anglais, le « Andoni-Palm », aperçoit le « Pot-au-Noir II » à 450 kilomètres au large des côtes marocaines, à la hauteur de Mogador (aujourd’hui Essaouira). Le capitaine du navire signale la rencontre avec le navigateur français au commandant du port de Bordeaux : « Tout va bien, le moral est très bon. » Quelques jours plus tard, René Lescombes fait halte au port de Las Palmas dans Les Canaries. Il en repart après une petite semaine sur place. Il réussit cette fois à traverser l’océan Atlantique mais la fin de son périple se solde par un naufrage sur les côtes de La Barbade. Réfugié sur un rocher, il ne doit son salut qu’à des pêcheurs.

Il est soigné à l’hôpital de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe pour décalcification et tumeur à la jambe droite. Il y reçoit la visite d’Edgar Maufrais, le père de l’explorateur Raymond Maufrais, disparu 10 ans plus tôt en Amazonie. René Lescombes réitère son engagement à monter une expédition pour le retrouver si son père échoue dans sa nouvelle tentative.

A la fin du mois de mai 1960, il tente une nouvelle fois la traversée de l’Atlantique. Il quitte Pointe-à-Pitre à bord d’un petit voilier métallique, le « Karukera », construit à La Guadeloupe. Il fait escale à Saint-Martin. Le voyage est de courte durée. Le 17 juin, René Lescombes fait (encore une fois) naufrage sur les récifs au large de Saint-Martin. Une fois rentré à la Guadeloupe, il fait le récit de sa brève odyssée :

« Une panne de moteur étant survenue subitement, près des côtes de l’île britannique Anguille, proche de Saint-Martin, son embarcation a été projetée sur les récifs. Le « Karukera » fut retourné par deux fois, et c’est par miracle que René Lescombes sortit indemne de son bateau complètement détruit.
Ayant regagné la côte à la nage, en pleine nuit, il fit plusieurs kilomètres dans une véritable brousse avant de trouver une case de pêcheurs, qui lui ont offert l’hospitalité.
Le lendemain, les pêcheurs l’ont reconduit à Saint-Martin.
René Lescombes compte trouver du travail à La Guadeloupe et construire un nouveau « Karukera » pour tenter une nouvelle fois de traverser l’Atlantique au mois d’avril de l’année prochaine. »

Le quotidien en mer d’un navigateur solitaire

En 1961, René Lescombes accorde une interview à Henri Amouroux, journaliste de Sud-Ouest. Il se confie sur sa vie solitaire à bord de ses bateaux :

  • Sur votre bateau, comment passent les heures ?
  • Voulez-vous une sorte d’emploi du temps type ? Tout d’abord, il faut considérer un emploi du temps par beau temps et un autre par mauvais temps. Et encore, je simplifie, vous savez. Par beau temps, les choses sont excessivement simples. On oriente les voiles dans la position idéale, on bloque le gouvernail et on laisse filer le bateau. Dans ce cas-là, je me lève avec le jour. […] Deux fois par jour, je fais le point, j’écris mon journal de bord quand j’en ai envie, je réalise quelques photos et prises de vue, je pêche beaucoup… sans résultat et je fais encore plus de rêves gastronomiques.
  • Lesquels ? Y en a-t-il un qui revient le plus souvent ?
  • Oui, c’est une chose assez curieuse d’ailleurs. Je rêve toujours de lait, alors qu’il m’est impossible d’en avaler une goutte à terre.
  • Vous ne vous ennuyez jamais ?
  • Absolument pas.
  • Lisez-vous à bord ?
  • Enormément.
  • Quels livres ?
  • En particulier les œuvres d’Hemingway, parce qu’il est un écrivain d’action. Egalement les œuvres de Kessel pour les mêmes raisons. Et surtout beaucoup de livres de géographie.
  • Avez-vous une radio à bord ?
  • Non.
  • Vous ne vous sentez pas privé de rester sans nouvelles du monde extérieur ?
  • Non, puisque c’est un peu le besoin de solitude qui m’a fait choisir ce genre de vie.
  • Avez-vous été malade à bord ?
  • Très malade. J’ai souffert pendant dix-sept jours, sans sédatif, d’une ostéite de la partie inférieure du tibia droit, ostéite qui a nécessité une intervention chirurgicale et un séjour de trois mois à l’hôpital à mon arrivé à la Guadeloupe.
  • Et le mal de mer ?
  • Le mal de mer, jamais.
  • Alors, maintenant, les jours de mauvais temps…
  • Par mauvais temps, il y a deux cas possibles. Premier cas, le vent est maniable, toutes voiles dehors, le reste continuellement au gouvernail, parfois plusieurs jours… et plusieurs nuits de suite. Deuxième cas, le vent n’est pas maniable, je jette l’ancre flottante, je ferme la cabine hermétiquement et je dors.
  • Rien ne vous réveille ?
  • Non, tout me réveillerait si je devais me réveiller. Paradoxalement, c’est par très mauvais temps que je me repose le mieux parce que je n’ai pas autre chose à faire.
  • Avez-vous eu peur ?
  • Oui… tous les hommes ont peur, mais ma peur est très maniable. Je veux dire que je n’ai peur que jusqu’au moment où je décide de ne plus avoir peur parce que l’action demande un engagement physique qui chasse les craintes. En somme, la peur est remplacée par la violence de l’action, de la lutte contre les éléments.
  • Pensez-vous à la mort… je veux dire à la mort dans la tempête ?
  • A la mort, très souvent… A la mort dans la tempête, jamais. Pendant la tempête, on n’a pas le temps d’avoir de craintes inutiles, ce n’est pas possible. Je pense que les soldats ont beaucoup plus peur avant la guerre que pendant la guerre, mais lorsque le temps est calme et après la tempête, j’ai le sentiment d’une victoire et rapidement le sentiment que cette victoire ne sert pas à grand-chose.
  • Naturellement, vous avez une ceinture de sauvetage ?
  • Oui, la marine nous oblige à emporter une ceinture ou un gilet de sauvetage.
  • Eric de Bisschop ne prétendait-il pas qu’il était inutile de savoir nager ?
  • En disant cela, il ne voyait, je pense, que le naufrage au large. Là, savoir nager est un supplice de plus car on attend la mort pendant une dizaine d’heures sans aucun espoir de secours. Par contre, le fait de savoir nager est indispensable à une distance raisonnable des côtes et, pour ma part, c’est parce que je sais nager que j’ai survécu au moins trois fois lors de mes trois naufrages. »

La dernière traversée

Au printemps 1963, René Lescombes s’élance une nouvelle fois à l’assaut de l’Océan Atlantique. Cette fois-ci, la traversée s’effectuera depuis Pointe-à-Pitre pour rallier Arcachon. 7 500 kilomètres, sans escale, d’ouest en est, ponctués d’obstacles : les algues de la Mer des Sargasses, les courants convergents, l’absence soudaine et totale de vent (le fameux « pot-au-noir »).

Le voilier, baptisé le « Mille-Bornes », est conçu de manière originale. Il est entièrement métallique et possède une double quille. Son nom vient du fameux jeu de cartes du même nom, inventé en 1954 par Arthur Dujardin, dit Edmond Dujardin, un imprimeur de codes de la route installé à Arcachon. C’est la condition pour que M. Dujardin devienne le sponsor du navigateur.

Dans une lettre datée du 29 mars 1963, de Pointe-à-Pitre, le navigateur détaille les éléments de conception de son bateau et les futures conditions de vie à bord :

« Cher ami,
Départ dimanche 31 mars, à 8 heures du matin, à bord du « Mille-Bornes ». Beaucoup de monde en perspective pour m’accompagner.
Le bateau de 7,50 mètres de long et 2,80 mètres de large, est une réplique du « Pot-au-Noir » pour la forme. Peint en noir pour les œuvres vives (dans l’eau) et en rouge (minium) pour les œuvres mortes. « Mille-Bornes » en lettres de 0,80 mètre inscrites sur les voiles.
Projet : direct Guadeloupe-Arcachon. Conserves de « corned beef », sardines, pois, haricots, etc. Deux caisses de pain de guerre, 240 litres d’eau douce et 12 litres de vin.
Ah ! J’oubliais : le bateau n’est pas complètement terminé. Il s’agit d’ailleurs moins d’un bateau que d’un hybride bateau-radeau.
Voilure : une grande voile et un foc. En tout : 27 mètres carrés. Ancre flottante et prières pour la tempête… Lest intérieur constitué par des cailloux. L’ensemble sérieusement coffré.
Transmettez mes meilleures amitiés à vos collègues. J’ai oublié des noms, mais je n’oublie jamais les hommes qui ont du cœur.
Très cordiale poignée des deux mains. Amicalement.
René Lescombes
P.-S.- Bien sûr, embrassez le cher Carlsen sur les deux joues ! »

Quelques jours plus tard, un correspondant de Pointe-à-Pitre, M. Le Roy, donne des nouvelles du navigateur. René Lescombes a bien quitté l’île d’Emeraude à bord du « Mille-Bornes ». Le trajet doit durer deux mois et demi environ.

René Lescombes à bord du « Mille-Bornes » peu avant son départ de Pointe-à-Pitre (photo Le Roy, Sud-Ouest, 6 avril 1963, Sud-Ouest Archives)

Le 12 avril, le commandant Gérards, commandant le port de Bordeaux, reçoit un message du cargo norvégien « Gunnar Knudsen », capté par Senlis-Radio :

« Passed and hailed sailing boat « Mille Bornes » in north 22-54 and west 55-43. All well. »
Soit en français « Passé et hélé le voilier « Mille Bornes » dans le nord 22-54 et l’ouest 55-43. Tout va bien. »

Depuis le 31 mars, René Lescombes a donc parcouru près de 650 milles. Il lui reste environ 3 000 milles pour rejoindre Arcachon.

Plusieurs semaines passent sans que les journaux ne donnent des nouvelles du navigateur. Le 10 mai, enfin, Sud-Ouest rassure ses lecteurs. Le cargo soviétique « Baltika » a croisé le « Mille-Bornes » le 6 mai, par 32°50’ de latitude nord et 48°47’ de longitude ouest. Le navigateur a assuré au capitaine russe que tout allait bien pour lui et a décliné son aide. D’après sa position, il semble avoir franchi la Mer des Sargasses et naviguer dans la région du pot-au-noir.

Le 27 mai 1963, à 21h30, le paquebot grec « Le North Princess » croise la route du bateau de René Lescombes. Le radiogramme, communiqué par son sponsor, les établissements Dujardin d’Arcachon, indique : « Rencontré ce jour bateau « 1 000-Bornes ». Position 40’34 nord, 34°30 ouest. Lescombes va bien. Capitaine du North-Princess. » Après avoir parcouru les deux tiers de son voyage, le navigateur se trouve alors au nord-ouest des Açores. Son arrivée à Arcachon est estimée entre le 10 et le 15 juin.

C’est la dernière preuve de vie du navigateur. Le journal Sud-Ouest annonce son décès dans son édition du 8 juillet. Le « Mille-Bornes » s’est échoué le 7 juin, près de l’île de Flores dans l’archipel des Açores. Le lieu du naufrage est difficilement accessible et la mer agitée. Ce n’est qu’au bout de plusieurs jours que les sauveteurs ont pu s’approcher de l’épave et en retirer le corps de René Lescombes, mutilé et méconnaissable. Il n’a pu être formellement identifié que grâce aux documents trouvés dans une boite étanche.

Si, dans un premier temps, la presse rend hommage au disparu, quelques voix pointent également l’impréparation et l’amateurisme derrière cette tragédie, comme le Commandant M. Ferrière, Officier de la Marine Française. On peut louer le courage et le désir d’aventures de René Lescombes mais ces qualités sont aussi ses défauts car elles lui ont fait « négliger les difficultés, les dangers de la navigation. » Le « bateau » n’était pas de taille (« lourd, peu maniable, louvoyant difficilement, peu apte à remonter dans le vent ») pour affronter le gros temps sur l’océan. Il fustige son insouciance, son manque de connaissances de la mer. On ne s’improvise pas navigateur, encore moins en solitaire.

En janvier 1964, un autre navigateur Alzone prépare la traversée de l’Océan Atlantique (avec quatre équipiers). Il compte comme supporter le même homme qui aida René Lescombes. Et c’est d’ailleurs devant la photographie du défunt aventurier et de son bateau « Le Mille-Bornes » que posent les navigateurs. « Alzone a la ferme conviction qu’il réussira et vengera ainsi la mémoire de Lescombes », conclut le journaliste de Sud-Ouest.

Les journaux de l’époque, tant français qu’étrangers, indiquent que René Lescombes est inhumé au cimetière de La Horta sur l’île Fayal des Açores. Cependant, une recherche sur le site « Find a Grave » localise la tombe du navigateur dans le cimetière de Santa Cruz sur l’île de Flores, toujours aux Açores, lieu de son naufrage. Une photographie de la pierre tombale, érigée en 1965, est jointe. Sa création fait suite à la suggestion du journal Sud-Ouest dans son édition du 11 avril 1964 qu’un hommage soit rendu à René Lescombes. La France projette alors d’installer une base spatiale aux Açores dans l’île de Flores. La présence française permettrait peut-être le rapatriement de son corps ou l’aménagement sur place d’une sépulture pour sa dépouille. Le journal reçoit quelques temps plus tard une lettre du consul du Portugal à Bordeaux, M. Joaquim Renato Correa Pinto Soares :

« La suggestion de votre journal a eu un écho du côté portugais et, ainsi, je peux vous faire savoir que la mairie du lieu où a été enseveli René Lescombes, a rendu hommage à sa mémoire en lui consacrant une des séances de son Conseil et en faisant entourer la tombe d’un jardin.
D’autre part, le ministre de la marine du Portugal a décidé de mettre sur cette tombe l’inscription commémorative suivante :

Aqui Jaz
René Jean Lescombes
Navegador solitario Frances
Que naufragou em 6 de junho 1963
A bordo do veleiro Mille Bornes
Na costa norte da ilha das Flores
Lapide mandada colocar pelo
Ministério da Marinha de Portugal

Ci-gît,
René Jean Lescombes
navigateur solitaire français
Qui a fait naufrage le 6 juin 1963
A bord du voilier Mille Bornes
Sur la côte nord de l’île de Flores
Pierre tombale placée sur ordre du
Ministère de la Marine du Portugal

Pierre tombale de René Lescombes au cimetière de Santa Cruz sur l’ile de Flores aux Açores (photo K Berry & JGBC, le 8 septembre 2017, site Find A Grave)

Qu’il soit fou ou audacieux, téméraire ou courageux, retenons ces quelques mots de René Lescombes, avant de s’embarquer sur le Pot au Noir II, en novembre 1957 : « Je suis un aventurier. J’aime l’appel des sirènes. Je suis atteint de l’eczéma du sur place et je me moque éperdument de ce qui vient après… »

Votre histoire, notre mémoire

“Les souvenirs d’un homme constituent sa propre bibliothèque.”
Aldous Huxley, écrivain anglais (1894-1963)

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Sources et références

Les Archives municipales de Lège-Cap Ferret :

  • Fonds Luc Dupuyoo
  • Bulletin n° 33 de la Société Historique et Archéologique d’Arcachon

Sud-Ouest Archives (en ligne) :

  • Sud-Ouest, 17 avril 1955
  • Sud-Ouest, 11 janvier 1958
  • Sud-Ouest, 14 janvier 1958
  • Sud-Ouest, 28 août 1958
  • Sud-Ouest, 2 septembre 1958
  • Sud-Ouest, 30 avril 1959
  • Sud-Ouest, 2 juin 1959
  • Sud-Ouest, 5 juin 1959
  • Sud-Ouest, 11 juin 1959
  • Sud-Ouest, 23 septembre 1959
  • Sud-Ouest, 31 mai 1960
  • Sud-Ouest, 6 juin 1960
  • Sud-Ouest, 19 juin 1960
  • Sud-Ouest, 23 juin 1960
  • Sud-Ouest, 15 août 1962
  • Sud-Ouest, 8 mars 1963
  • Sud-Ouest, 2 avril 1963
  • Sud-Ouest, 6 avril 1963
  • Sud-Ouest, 13 avril 1963
  • Sud-Ouest, 10 mai 1963
  • Sud-Ouest, 29 mai 1963
  • Sud-Ouest, 8 juillet 1963
  • Sud-Ouest, 11 juillet 1963
  • Sud-Ouest, 4 janvier 1964
  • Sud-Ouest, 16 juillet 1965

Site Find A Grave :

  • Sépulture de René Jean Lescombes

 

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